Fragilité et pérennité 2
Cette exploration à partir de sacs imbibés d’eau salée, travaillés, formés et séchés ensuite à l’air libre présente des personnages alignés qui posent là comme entre eux, indifférents à notre regard, et qui, visage absent, ne semblent jamais nous regarder.
Si, au départ, ce ne sont certes que des sacs de papier brun, quelques roches et des fils, pour finir, ce sont de petites vies vêtues de longs manteaux plissés, drapés, laissées là au mauvais endroit, sur une étendue de roches dures, presque comme des enfants abandonnés.
Ainsi, malgré leur posture figée à plat sur ces roches bleutés, je découvre la vie surgissant de ces plissés et ces drapés délicats qui mettent en évidence des poses évocatrices et des corps en mouvement qui semblent courir ou s’émouvoir ou danser ou encore se toucher tendrement ou fuir.
Dans cette suite de photos j’explore aussi, par des grossissements, des recadrages ou différents éclairages, la volubilité et le caractère de ces personnages sans visage mais en relation, comme si on entrait successivement dans leur intimité.
Au point de vue de la forme, le grand potentiel d’expression de ce papier mouillé et froissé d’un seul ton d’une matière aussi fragile m’étonne et m’amène à poursuivre cette voie dans ma recherche opposant et mariant à la fois fragilité et pérennité.