Fragilité, perrénité3

Fragilité et pérennité 3

Curieusement l’idée, l’intuition de déposer des personnages sur les rives du St-Laurent a fait resurgir le souvenir des pêches à anguilles qu’on installe à Kamouraska. Longue série de piquets en ligne vers le large, ceux-ci retiennent un filet qui, lorsque la marée descend, guide fatalement les anguilles vers l’enclos terminant la pêche.

Ces pêches que l‘on voit de loin et leur suite de piquets alignés comme des personnes debout dans l’eau me ramenaient donc à l’exploration que j’entreprennais à travers des mises en scènes de personnages sur le thème de la fragilité, de ce qui dure et de ce qui ne dure pas.

La première série de ces mises en scène s’attarde donc sur des cadres nattés de fil de lin dans lequel de petits êtres y sont pris en filet comme à tout jamais. Déposé suivant les lignes des roches ou sur fond de sable, ne semble-t-il pas narrer, là tout petit, une histoire improbable?

La seconde s’élabore à partir de personnages de papier et de bois contrastant avec cet environnement d’eau, de roc et de sable. Posés là debout, immobiles, laissant flotter au vent de minces fils pendant au bout de leur main ils ont presque tous l’air de prendre la pose.

Toutes en lumière et douces, ces mises en scène de fragiles personnes, exposés au vent qui vient toujours et aux vastes mouvements imperturbables des marées ne nous ramènent-elles pas finalement dans un territoire de vulnérabilités? Et de la jeunesse de ces personnages, leur mimique figée et leur simple féminité ne résulte-t-il pas une impossible poésie?